Nuit
et jour je médite et pense et veille,
Plains et soupire et puis m'apaise;
Quand mieux m'advient j'en retire peine,
Mais une bonne attente m'éveille
Dont mes chagrins s'apaisent,
Fol, pourquoi me dire que j'en retire du mal :
Car si noble amour me l'envoie
Que l'envoi seul m'est un gain.
Que
ma Dame ne s'émerveille
Si je lui demande son amour et un baiser,
Contre la folie dont je parle
Ce sera gente merveille
Si elle m'accole et me baise,
Dieu puisse-t'on se récrier déjà
("Ah, tel vous voie et tel vous ai vu !")
Pour le bonheur que l'on voit en moi !
Noble
amour, je me fais votre compagnon
Car ce n'est ni promesse ni sort
Mais ce qui plaît à votre grâce
(Dieu je le crois m'en gratifie)
Que si noble amour soit mon sort.
Ah ! Dame, par pitié vous prie
Qu'ayez pitié de votre ami
Qui vous demande grâce si doucement !
Bernart
demande grâce a sa dame
Qui si doucement lui fait grâce
Et
si je ne la vois d'ici peu
Je ne crois pas que je la verrai de longtemps.
Bernart
de Ventadour, Troubadour du 12e siècle
La
Corrèze