Sentinelle de ruine

Châteaux sauvages, acteurs de mirifiques histoires, ils dressent leurs murailles démantelées surgissant de l'aube du temps, ayant résisté aux assauts furieux des vents. Ils couronnent de leurs profils les crêtes, éclairent les solitudes qui les entourent, n'ayant pour confidents que les astres et le ciel strié par le vol des rapaces.

 

Cependant, l'histoire jette à l'écho leurs notes lugubres, ne résonnant plus du bruit de fer tranchant des pertuisanes, ni des cris déchirants de la lente agonie ; même les sentes que les entourent ont d'étranges mystères.

 

Ses hardis défenseurs hantent ses tours où le lierre masque le temps, d'où le vent a emporté tant d'appels, séché tant de sang, emmuré tant de traces.

 

Emblème de la puissance qu'il composait jadis, l'oriflamme ne flotte plus dans le ciel vaporeux, les remparts sans hourds sont devenus colombiers. Au pied du haut donjon, sentinelle de ruine, les sinistres douves ne sont plus rougies des plaies des chevaliers; seules les murailles meurtries aux profondes blessures sont les témoins des audacieux combats.

 

Plus de troubadour lançant à l'écho sa complainte d'amour courtois pour la belle inconsolable. Le secret du cachot ne livrera pas ses clefs. Plus d'archets tendant la corde du haut des créneaux, et le loup en maraude en quête de chair vive à jamais disparu.

 

Ombre du passé qui affole le cœur, extasie les yeux, marque pour le randonneur le chemin de l'histoire qui s'est endormit dans ses murs et veille sur les siècles. Il ne peut être aujourd'hui que le refuge d'un ermite des lettres méditant devant son parchemin.

 

Williams Plas

 

Extrait du recueil de poèmes "Corrèze secrète" de Williams Plas aux Editions les Monédières.

 

 

La Corrèze